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L'underground s'exprime pour lui-même
Je vais tenter de ne pas étayer de trop mes propos pour éviter les clichés, parce que trop de monde en parle et parce que je ne suis pas pour autant perdu dans toutes ces informations, comme beaucoup. Encore une fois on donne la parole à Sarkozizi et à un con de chez nous qui ne savait pas quoi dire à part faire sa pub’ de merde et parler comme les plus cons du ghetto français. Et 20% de plus pour les borgnes et fils de pute en 2007. Ca me saoule.
Ce n’est pas du misérabilisme que je fais. Et si j’ai l’impression d’être sur une voie de réussite (ce qui n'est pas sûr), c’est aussi parce que celle-ci passe par une action individuelle, parce que mes parents et mes proches se sont saignés pour moi, parce que j’ai su et j’ai pu par chance trouver les opportunités.
Ce n’est pas le cas pour tous les miens.
JE SUIS LE PREMIER A DIRE QUE CES CONNERIES NOUS PENALISENT EN PREMIER LIEU ET NOUS MARGINALISENT ENCORE PLUS. QUE CA SOIT DIT.
CE TABLEAU N’EST PAS EXHAUSTIF. C’EST JUSTE VIENDU COMME CA AU FIL DE LA PLUME
Préludetruc. Qui fout ç’bordel comme dirait Jacky du Club Dorothée ?
Jusque là, selon les chiffres que j’ai sur 3 départements (77, 93 et 92, de la part des CLSPD -Conseils Locaux de Sécurité et de Prévention de la Délinquance- + des Préfectures) et de par mon observation sur le terrain, ces phénomènes n’ont concerné majoritairement des jeunes de moins de 19 ans.
Ce sont des chiffres non vérifiables par vous, je sais, mais je ne peux pas balancer des trucs comme ça. Et vu que c’est mon observation, c’est TREES subjectif.
I. Pourquoi en est-on arrivés là, selon SPirit ?
Je ne vais pas parler des éléments déclencheurs que tout le monde connaît. Mais rapidement et de manière non exhaustive, des causes profondes qui sont le reflets du malaise de nos quartiers, de mon environnement, de ces foyers où ça crame, mes enfants.
Avant tout, il y a eu un effet d’entraînement. Oui, il y a eu au début de ces violences urbaines (comme dans la ZUS de Montbéliard entre 1989 et les 1990’s), de vrais ressentis sur un plan particulier. Puis, il y a eu un effet d’entraînement, une surenchère entre quartiers et entre cités, un effet d’aubaine. C’est ce que ne comprennent pas beaucoup. C’est une raison de vivre. Les pauvres ont toujours envié ce que leurs voisins ont eu de plus qu’eux avant de regarder au-dessus. Et ce qu’on n’a jamais eu, c’est l’attention, celle de tous les jours, la considération.
C’est de mon point de vue inexcusable. J’habite dans une ville nouvelle et mes cons, mes jeunes ont cramé des voitures de chez nous, et pour avoir parlé avec eux les premiers jours, ils n’avaient aucune revendication. Juste un ras-le-bol et aucune volonté d’être raisonnés. Je le répète, c’est pour le début de la fronde.
LE PLUS IMPORTANT, selon moi : LES CAUSES LATENTES, LE TISSUS SOCIAL ET URBAIN.
CONSULTEZ LA SYNTHESE DE 15 PAGES DE LA D.I.V. SUR LES INEGALITES AU SEIN DES ZUS. CA AIDE A COMPRENDRE.
Pourquoi croyez-vous qu’on se tape chez nous ? Pourquoi c’est violent ici-bas ? Pourquoi on brûle tout ce qu’il y a ici ? Pourquoi on a ce mal être ?
Loin de moi l’idée de vouloir excuser les erreurs que j’ai pu commettre, les « bavures » dont j’ai pu être l’auteur et les conneries qui m’ont privées du soleil qq jours. Loin de moi l’idée de vouloir dédouaner la responsabilité des cons de chez nous, de leurs parents, des débordements.
Et je prends la pleine mesure et la responsabilité de condamner et de demander la fermeté nécessaire pour juger et punir ceux qui ont causé des morts, que ce soit d’un camp ou de l’autre. Un assassin reste un criminel.
Les quartiers, les cités tout ce que les gens mettent dans le vocable « Banlieue » (bien que Paris compte aussi des quartiers dits en Politique de la Ville, des ZUS comme la goutte D’Or etc) sont marqués par des inégalités latentes depuis plus de 30 ans (puisque cette échéance est à la mode) et c’est ce qui cause ce malaise.
1. Un "rapide" état des lieux des inégalités qui ne sont pas des mythes.
*Une situation urbaine violente par elle-même. Pour faire face à l’accroissement démographique et à l’arrivée de populations immigrées pour reconstruire cette belle France, on décida de nous parquer dans des barres et dans des coins de bitume qui deviendront le Ghetto Français (Cf analyses d’Eric Maurin). Aucun regard possible sur le monde extérieur. Des moyens de transports encore mal desservis aujourd’hui et peu de mobilité physique.
En bref, on reste entre pauvres (personne de ceux qui vivent ici-bas ne veut de la mixité sociale, c’est empirique) et entre « non français » car mm les Portugais, Polonais et Italiens étaient « logés » à la mm enseigne. Pas de quoi péter un plomb là ? 
* Peu de services publics au sein de ces sites. Peu de possibilités de sortir de la cité (transports, moyens etc) pour voir autre chose, ne serait-ce que pour faire ses courses. On est obligé de se suffire des maigres commerces de proximité qui sont majoritairement « ethniques ». Et ils ferment parce que personne n’est solvable. En plus, la politique locale d’implantation des Services Publics et des commerces fait qu’ils se trouvent en dehors des zones.
* Des zones non desservies par l’emploi.Une concentration de zones ouvrières marquées par un chômage de masse suites à la crise ouvrière. Peu de possibilités d’évoluer dans une situation où la condition sociale, par manque d’ouvertures est devenue héréditaire, pendant que le reste de la société s’adapte aux mutations du marché. On a vu cela dans les zones sinistrées du Nord comme à Lille ou Tourcoing avec les Bassins houillers.
Une forte discrimination à l’embauche et peu de chances de décrocher un stage. Chiffres à voir sur le lien de la DIV. C’est une réalité. Des Missions Locales qui n’offrent que des solutions de court terme et se transforment en guichet.
Peu d’emplois tertiaires dans ces zones et une discrimination géographique. Si tu viens des quartiers nord de Marseille, des Ulis, de la Plaine du Lys, d'Orly Choisy, t’auras moins de chance de trouver un taff’ ailleurs qu’au MacDo ou Adecco. C’est à peine exagéré.
* Le Clash culturel. Comment accepter de se fondre dans un modèle culturel français en perte de vitesse, qui est totalement en décalage avec des populations qui n’ont pas la mm Histoire et qui, à vrai dire, n’ont plus d’Histoire ? Le cul entre deux chaises. D’autant que l’Etat Français, par ses représentants surtout nie les affres de sa propre histoire. La colonisation est reléguée à une remise de médailles, alors que seule l’Ecole permet de traiter ces faits assez objectivement. Ne citons pas la Guerre d’Algérie etc. ("C'est pas en rendant le tirailleur, un décoré qu'on oubliera Gorée" Lino Paradis Assassin, 2005).
Dans le mm moment, comment accéder à la culture Française réservée de fait, aux populations et aux zones géographiquement les plus riches ? Peu d’accès aux transports, peu d’envies. Peu d’équipements culturels dans nos cités : où sont les théâtres, opéras, cinémas (pas tous hein), magasins de luxe (humour), médiathèque (ici depuis peu), centres culturels, expositions ? Pas chez nous. Et quand ils s’intéressent à notre culture, c’est rarement par correspondance et souvent par opposition ou exotisme.
Pas de culture autre que celle de la Rue et peu d’accès à la connaissance de la Haute. Et quand elle existe, un dégoût s’est installé dans les mémoires. C’est aussi pour cela que les plus jeunes d’entre nous ont ce malaise alors qu’ils n’ont pas vécu le tiers de nos anciens. C’est pas seulement un effet de mode comme je le disais au dessus.
A côté de cela, on est encore des « d’origine immigrée ». Ouais, mm pour pas mal d’entre vous, je le sais. Ben tant que ce sera comme ça, je ne serai et nous ne serons jamais Français. C’est comme quand l’Equipe de France marque, c’est bon, on est tous Français, mais quand on perd, on est tous des étrangers. C’est caricatural et c’est fait exprès. J'reste dans l'underground. L'espoir émerge du noir.
* Le lien social mécanique et enclavé.
- Un lien social désagrégé comme pour le reste de la société.
Peu de solidarités organiques. Fortes solidarités mécaniques. Affaiblissement de la cellule familiale accentuée par le chômage, la déculturation et la frustration sociale (tout ouvrier vous dira la mm chose).
* Une police violente, raciste (sans généralisation, mais voilà quoi). Une justice à multiples vitesses et une école en décalage.
* Une école qui ne prend pas en compte les réalités sociales, qui ne donne pas de perspectives d’avenir.
* Des C.I.O. qui ne servent à rien
* Que le sport comme défouloir. Peu de stades entretenus. Rien à faire car pas de lieux de réunion. Le seul terrain de galère, reste la rue. Or, le code de la rue est rude, pas besoin de permis.
* Des tensions sur l’offre de logements. Peu de facilitations pour quitter le parc social locatif et peu d’offres alternatives. Des cages sales pour tout horizon. Voir le site de l'IAURIF.
* Le commerce de la drogue (on n’est pas chez Tony Montana qd mm) pour se faire de l’argent et pour sortir de la merde les nôtres.
* Une perte des valeurs comme pour le reste de la société.
* ETC car y’a trop de trucs à dire et pas le time
2. Pourquoi l’expression par la violence ? La causalité –violence sociale - violences urbaines-
Parce que la violence a toujours été la parole du pauvre.
Parce qu’il faut toujours faire mieux, aller dans l’extrême pour se faire remarquer : Faut être Zizou pour réussir ou faut cramer les voitures pour qu’on nous considère. C’est une genèse des nouvelles classes dangereuses après la ceinture rouge de Paris au XIXième siècle (Lire l'ouvrage de Beaud et Pialloux sur cette genèse).
Parce que c’est une réaction à la violence sociale que l’on subit.
Parce que les coups sont nos seuls arguments, faute d’avoir su ou pu acquérir les armes de l’Ecole, les mots, les signes, les croyances, les rêves.
Parce qu’on n’a aucune mémoire, aucune histoire, parce qu’on n’a aucune perspective d’avenir.EDIT Qu'est-ce qu'un homme sans passé, sans vision du futur? Un être perdu. Et que dire d'une sous société dans ce cas? Et le pire, c'est que l'histoire des politiques publiques concernant les sites sensibles montre que cette situation a été créée. Pensez-vous sincèrement qu'on a choisi ce mode de vie? Mon collectif aussi voudrait avoir une belle vie de bourgeois pépère, assis sur ses actifs financiers et envoyer nos gosses dans les plus grands lycées de France, en leur offrant le permis et la voiture à 18 ans. On aurait bien aimé aussi.
Parce qu’on jalouse notre voisin avant de jalouser les riches, les vrais. Et ouais, on est cons les banlieusards. Où tu veux qu’on aille brûler les voitures des autres si on peut pas se déplacer aussi facilement que ça ?
Parce que c’est ce qu’ils veulent qu’on fasse et qu’on tombe dans leur piège ("Ils préféreraient m’ voir avec un gun’ à la place d’un micro". Lino, Délinquante Musique, BO Banlieue 13).
Parce que c’est ce qu’on voit à la télé. Merci les journaux (ca va peut être sauver France Soir ?).
Pourquoi les crèches ? Parce que c’est pas protégé, c’est tout. Ca ne représente pas l’Etat. Et parce que ce sont des cons finis.
Parce qu’on est sous stress X 15.
Parce que ça te fout les jetons, play boy.
Parce qu’on est cons, comme toi.
SYNTHESE : La violence urbaine est la conséquence de la violence sociale. Mais on n’est pas dans une guerre civile. Pas encore (explicité dans une prochaine note) et le traitement médiatique y est pour beaucoup.
DANS UNE NOTE SUIVANTE JE DETAILLERAI CES POINTS SI VOUS LE VOULEZ BIEN.
Que faire, selon SPirit ?
Et après, selon SPirit ?
Si vous n'êtes pas d'accord et je sais que pas mal ne le seront pas, incendiez moi.
Peace. SPirit,ce con cerné par les concernés.
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